mardi 22 janvier 2013

Micro-logements et abus ? C'est la faute aux locataires !

Depuis le début de l'année, les reportages sur les locations de micros-surfaces illégales à Paris (sous 9m2) se multiplient dans les médias à l'occasion d'expulsions (tout aussi illégales) par des propriétaires peu scrupuleux et jouissant d'une hallucinante impunité judiciaire

Pour commenter cette actualité, Jean Perrin, président de l'Union Nationale des Propriétaires, était l'invité de Bruce Toussaint ce matin sur Europe 1.

Défense de la rente, plaidoyers larmoyants pour la baisse de la fiscalité des propriétaires ou la fin des logements sociaux qui concurrencent injustement le marché privé, Jean Perrin est un bon client d'Apocalypsimmo. 

Face à Christophe Robert, président de la fondation Abbé-Pierre, le patron des proprios nous refait un joli numéro à la radio

En gros, il n'y aurait pas de méchants propriétaires coupables de louer des taudis ou des micros-surfaces (ou plus souvent les deux à la fois). Non, tout ça ce n'est rien que de la faute aux locataires qui acceptent le deal. D'ailleurs, rien ne servirait de sanctionner les propriétaires, victimes comme les autres d'un marché tendu. A 4.00, Perrin nous décroche même le #PointPute (#PointGodwin du bailleur, et du libéral en général), faisant l'amalgame entre le locataire et le client de la prostitution. Quitte à filer la métaphore, Perrin aurait pu ajouter le rôle pourtant déterminant du mac. Et puis c'est tout simple, mais si l'on autorisait la location des surfaces de moins de 9m2 "pas forcément invivables" et bien, hey con, elles ne seraient plus illégales  ! (3.30) 

Humaniste, le patron des bailleurs invite également les gens qui "souvent ne travaillent pas" à aller vivre en province (3.20). Oui, Jean est à cheval sur ce principe: n'allons pas saloper la côte du foncier des possédants en y mêlant le tout-venant des bas revenus. A une époque où l'on nous promet la fin du CDI, mieux vaut du touriste friqué louant à la journée que du smicard aux perspectives sociales incertaines. Perrin nous rappelle à l'occasion qu'il est à l'origine du concept d' "habitat essentiel" (dont nous avions parlé ici), alliant sur la base du low-cost en 12e périphérie, travailleur pauvre au bout du rouleau et boite à chaussure à confort spartiate. 


Nous sommes évidemment d'accord avec Christophe Robert au sujet des micros-surfaces et des abus des propriétaires-bailleurs en général. Il faut les sanctionner lourdement et taper là où ça fait mal : le porte-feuille et la prison ferme en cas de récidive (histoire qu'ils testent par l'exemple, le confort d'habiter à 4 dans 8m2). 

Les déclarations de Cécile Duflot, hier, vont dans ce sens.

Mais, avant d'en arriver là, il faut obligatoirement en passer par la dénonciation des abus par les locataires eux-mêmes (qui ont le droit avec eux, et la possibilité dans un premier temps, de vite se voir exemptés de loyer). 

Comme quoi Perrin a en partie raison: c'est de la responsabilité du locataire de faire entendre ses droits.

Seb Musset.

Retrouvez les mésaventures de Jean Perrin au pays des odieux locataires:

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